Renard de Darwin, Pudu et Opossum menacés dans les forêts du Chili
En novembre 1835, la comète de Halley traversa le ciel. Il est probable que Darwin l’ait observée à bord de son navire, le HMS Beagle, alors qui doublait le Cap Horn.
Désormais, il longeait la côte ouest du sud du Chili et faisait route vers l’archipel des ‘’Chonos’’ et son millier d’îles. Il a dû croiser ce peuple de nomades des mers, qui vivaient sur leur Dalca (pirogue) dans ce labyrinthe de canaux et de fjords qui composent la Patagonie Chilienne. Puis il a poursuivi plus au nord vers Chiloe, une grande île costière, isolée, faisant face aux entrées pluvieuses de l’océan Pacifique, s’étirant à une poignée de kilomètres des montagnes de la Cordillère des Andes. En débarquant sur la côte Est, sous un ciel clair et pur, l’œil de l’explorateur a dû être surpris par ces collines et ces prairies verdoyantes surplombant la mer. Darwin a également dû s’aventurer quelque peu dans la partie occidentale de l’île, beaucoup plus humide, peuplée de feuillus, de hêtres, de conifères et de cyprès.
Près de 180 ans plus tard, la forêt de Chiloe et plus globalement celles qui entourent la ville de Valdivia au centre du Chili, demeurent parmi les dernières forêts primaires d’Amérique du Sud. 110 espèces d’oiseaux, des loutres marines, des otaries à crinière… vivent le long des côtes de Chiloe. En 1835, Darwin y avait même découvert une espèce endémique de renard, qui porte désormais son nom. Il avait également croisé le chemin des ‘’Monitos del monte’’ (les petits opossums australs) ou bien encore du ‘’Pudu’’, le plus petit cerf au monde.
Avec le développement des activités d’exploitation forestière, ces espèces endémiques habituées à un habitat particulier, sont directement menacées d’extinction. L’opossum, mammifère arboricole se nourrit de larves et d’insectes au cœur de cette forêt pluviale. Il construit également son nid à partir de bambous, de mousses et d’herbes, avant d’hiberner pendant l’hiver austral. L’IUCN a observé le déclin de la population de l’opossum au Chili, qui pourrait prochainement se trouver en danger d’extinction dans les réserves de Los Ruiles et de Los Queules. Le renard de Darwin est quant à lui menacé d’une façon critique à Chiloe et dans le parc national de Nahuelbuta, selon l’échelle de risques de l’IUCN. La population restante est inférieure à 250 individus. Durant l’hiver, le renard recherche des conditions plus douces vers des zones habitées. Il subit la fragmentation des forêts et le braconnage. C’est également le cas du Pudu dont la population est en déclin. Ce très petit cerf solitaire se nourrit de pousses d’arbres indigènes, de fruits, de nombreuses espèces de plantes herbacées et de fleurs. Chassé, il a fait ces dernières années l’objet de collectes illégales pour les zoos et les collections privées.
Les Chonos se sont métissés et ont fini par abandonner leur culture ancestrale; ils ont disparu de tout récit ou témoignage au début du 19e siècle. La comète de Halley voyage sur une orbite elliptique qui nécessite 76 ans pour faire le tour du soleil. Son prochain passage est prévu le 28 juillet 2061. Alors prenons date et engageons les actions nécessaires pour protéger les forêts primaires… afin qu’au prochain passage de la comète, il reste encore des renards de Darwin, des opossums et des pudus dans les plus anciennes forêts primaires de Patagonie !
Le renard de Darwin, l’opossum et le pudu menacés d’extinction
Depuis que je suis née, la moitié des mammifères et des oiseaux ont disparu de la planète.
La première fois que j’ai croisé une lionne dans le Masai Mara, elle se reposait entre deux buissons d’épineux. L’aube éclairait sa robe sable. Dans cette clarté naissante, j’aperçus deux petits lionceaux, qui doucement pointaient leurs têtes. Fauve clair ou fauve foncé… Aviez-vous remarqué qu’il existe un même mot pour décrire la couleur du lion et son caractère animal, autrement dit féroce et redoutable. C’est un peu comme si on disait ‘’couleur homme’’…pour décrire notre vrai visage et notre tempérament.
‘’Couleur homme’’, c’est un tempérament acharné puisqu’il faudrait une Terre et demie pour satisfaire chaque année la demande de l’Humanité en ressources naturelles. Un tempérament implacable puisque les populations d’espèces de mammifères et d’oiseaux qui peuplent la terre ont vu leur nombre réduit de moitié depuis 1970 et que l’homme en est le plus souvent responsable comme le rappelle dans son rapport annuel le WWF. Pour la première fois, la majorité de la population mondiale vit dans les villes. Perte de l’habitat, déforestation, chasse, braconnage… autant de menaces accrues sur les espèces sauvages dans toutes les régions du globe.
Les gorilles de montagne ne sont plus que 880 à vivre à l’état sauvage. L’éléphant de forêt en Afrique est confiné à 6%du territoire qu’il occupait en 1900. Le nombre d’éléphants a chuté de 60% entre 2002 et 2011 du fait de l’intensification du braconnage pour le commerce asiatique de l’ivoire. On dénombre moins de 5000 rhinocéros noirs et 20 000 rhinocéros blancs à l’état sauvage. Six espèces d’ours sur huit sont désormais vulnérables: l’ours polaire, l’ours andin, l’ours lippu, l’ours noir d’Asie, l’ours malais et le panda géant est en danger d’extinction.
La dernière fois où j’ai entendu rugir une lionne, elle cherchait son petit qui s’était égaré dans le delta de l’Okavango. La nuit noire rugissait toute entière. Dans l’obscurité laiteuse du ciel, j’ai fermé les yeux pour retenir ce moment.
Non, je n’ai pas envie d’oublier le rugissement de cette lionne car il existe des solutions dans lesquelles les pays doivent s’engager avec l’appui de la communauté internationale : la mise en place d’aires protégées pour les espèces menacées avec des mesures anti braconnage, le soutien des pays industrialisés aux pays en développement pour préserver leurs forêts (système REDD+ soutenu par l’ONU).
Non, je n’ai pas envie de voir la dernière lionne dans un zoo fait de barbelés. Car dans ce cas et à n’en pas douter, sans sa terre d’Afrique, sans la savane herbeuse où monte l’astre rouge, sa robe sable et sa survie seraient à jamais ternies.
Le rapport Planète Vivante 2014 du WWF
REDD+ pour la réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts
Les lions sont proches de l’extinction dans toute l’Afrique de l’Ouest
Comment vendre la peau de l’ours avant même de l’avoir tué?
Blanc, le destin de l’ours polaire, qui est désormais lié à la fonte de la banquise. Le réchauffement et la pollution de l’Arctique ont mis en péril la glace de mer dont les ours dépendent pour leur survie.
Noir, l’appétit des sociétés pétrolières, qui sont intéressées par le développement des champs de pétrole offshore dans l’Arctique de l’Alaska. L’Arctique abriterait en effet 90 milliards de barils de pétrole et d’énormes réserves de gaz, en majorité en pleine mer.
C’est pour ne pas rentrer dans cette réalité sans couleur que le US Fish and Wildlife a mis en place il y a 5 ans (seulement) un plan de conservation des ours polaires en Alaska, en créant une zone protégée dans la mer de Beaufort et des Tchouktes, au nord et à l’ouest de l’Alaska.
Pourtant cette désignation de ‘’zone protégée’’ demeure fragile face à la ténacité de sociétés pétrolières, qui au nom de la défense des emplois et de la croissance économique ont déjà vendu des travaux d’exploration à leurs actionnaires ainsi que la peau de l’ours avant de l’avoir tué !
Des explorations gazières et pétrolières sont prévues dans la zone protégée. Mais de telles initiatives devront désormais faire l’objet d’un examen pour «déterminer les moyens permettant de les mettre en oeuvre en accord avec la sauvegarde des espèces». Les exploitations pétrolières font toujours peser de très gros risques d’échouage comme celui de l’Exxon Valdez, qui a souillé 1500 kilomètres de côtes au large de l’Alaska en 1989 ou la marée noire du golfe du Mexique suite à l’explosion de la plate- forme Deepwater Horizon de la compagnie BP en 2010.
Certains habitants s’inquiètent également de la mise en place de cette ‘’réserve’’ arctique qui pourrait avoir selon eux, un impact sur la chasse de subsistance et les projets de développement de certains villages. Ils ont donc conservé des dérogations pour chasser les ours polaires.
La population d’ours polaires dans le monde est estimée entre 22,000 à 25,000 ours. Deux espèces vivent en Alaska, au sud de la mer de Beaufort et en mer de Béring Tchouktches. Les ours polaires dépendent entièrement de la glace de mer de l’Arctique pour leur survie. Ils utilisent la glace de mer comme ‘’plate-forme’’ pour chasser et se nourrir de phoques, pour chercher des compagnons avec lesquels s’accoupler, pour se déplacer vers les zones de mise bas sur terre, et traverser de longues distances. La plupart des populations utilisent l’habitat terrestre uniquement pour la maternité et la mise bas.
S’il est une espèce dont l’extinction programmée est bien de notre responsabilité, c’est celle de l’ours polaire arctique. Blanc ou noir, je veux croire que nous avons encore entre nos mains le destin de ce mammifère emblématique, qui habite la glace et le froid, et joue un rôle essentiel dans l’écosystème marin arctique.
Quel avenir pour l’ours polaire ? vidéos des conférences
http://www.ourspolaire.org/colloques/colloque-2014/videos-des-conferences/
Protecting the Arctic
Lego s’associe à Shell : des briques pour inventer le monde ou pour détruire l’Arctique ?
http://blog.greenpeace.fr/2014/07/01
Lobby pétrolier contre réserve naturelle
http://www.courrierinternational.com/article/2012/08/16/lobby-petrolier-contre-reserve-naturelle
Les trois pays partagent le même emblème : le canon lance-harpon. Chacun continue, en l’absence de toute sanction internationale, le massacre des baleines dans l’Atlantique nord ou dans les mers australes. Les baleines ne sont pas de la chair à canon. Et pourtant des centaines de baleines sont harponnées dans une chasse sanglante chaque année, y compris les espèces les plus menacées. La chasse à la baleine n’a jamais cessé même si l’opinion publique parait davantage sensibilisée.
J’ai rencontré les baleines au milieu du Saint Laurent au Canada, à Hernanus au large d l’Afrique du sud et surtout dans la péninsule de Valdez en Argentine.
Avant cette rencontre, le gros cétacé demeurait un mystère médiatique pour moi. Evidemment, j’avais lu 20 000 lieues sous les mers, regardé ‘’flipper le dauphin’’, Orca et ‘’sauvez Willy’’. Et puis j’adorais le commandant Cousteau.
Autant dire, que je n’étais pas du tout préparé à une vraie rencontre avec les baleines.
Lorsque la baleine glisse le long du bateau en ouvrant sa large bouche, son oeil demeure petit et fixe. Elle jaillit avec puissance à la surface de l’eau avant de retomber dans un bouillonant tumulte. C’est à ce moment précis que je l’ai entendu parler. Que ces baleines sont éloquentes ! Et lucides sur la capacité de l’homme à les exterminer avec leurs petits.
Alors, il faut de nouveau nous battre afin que la Norvège, le Japon et l’Islande cessent la chasse des baleines. Cela n’intéresse personne de manger de la baleine aujourd’hui ; alors à quoi cela sert-il de les chasser ?
La Norvège, nation fondatrice du baleinage moderne, est le pays qui a le plus contribué, au XXe siècle, à la destruction des baleines dans le monde. En 1993 le gouvernement norvégien déclare officiellement la réouverture de la chasse commerciale en Atlantique Nord. Ils n’ont pas besoin de navire usine, car ils chassent près des côtes et ramènent régulièrement leurs prises à terre. Quant au Japon, l’industrie mondiale sert presque uniquement depuis 25 ans à fournir le marché japonais de la viande de baleine.
La chasse à la baleine, la protection et la gestion des stocks est sous l’autorité de la Commission baleinière internationale (CBI). Elle vota en 1982 un moratoire interdisant toute forme d’exploitation commerciale des baleines. Le Japon d’abord opposé a finalement prévu de reconvertir sa flotte de chasse en « flotte scientifique ». Dans une autre tentative pour contourner le moratoire, depuis 1985 le Japon a cherché a obtenir de la CBI qu’elle ne l’applique pas à certaines de ses chasses commerciales côtières, aux petits rorquals notamment, au nom de la tradition. Enfin, l’Islande poursuit toujours sa chasse à la baleine.
La création de zones protégées permet aux races de baleines en voie d’extinction de se nourrir et de se reproduire. Les sanctuaires sont choisis par la Commission Baleinière Internationale
A ce titre, Greenpeace a pour objectif de créer un sanctuaire global afin d’arrêter la chasse aux baleines, la chasse scientifique et de faire du CBI une instance internationale de protection des baleines. Il est temps de redonner la parole aux baleines.
Campagne greenpeace
http://www.greenpeace.org/france/fr/campagnes/oceans/fiches-thematiques/baleines/
Bonobos, chimpanzés, gorilles et orangs-outangs proches de l’extinction
Il ne restera plus que 9 millions et demi d’habitants en France d’ici 30 ans. C’est ainsi que s’affichera notre déclin démographique, si nous nous appliquons la même arithmétique qu’aux espèces menacées. Il y avait un million de chimpanzés dans les années 60. Il en reste à peine 150 000 aujourd’hui en Afrique et en Asie du Sud-est. Ils ont déjà disparu du Bénin, du Togo et de la Gambie ; 200 à 300 tentent de survivre au Sénégal, au Ghana et en Guinée Bissau.
Les grands explorateurs ont embarqué naturalistes, botanistes et aquarellistes pour nous faire découvrir espèces rares et plantes exotiques. Ils dénombraient et établissaient leur croquis avec minutie, recueillaient spécimens et échantillons avec empressement. La curiosité, l’étonnement et la science rythmaient leurs pas.
Depuis, nous avons passé des siècles à dénombrer et à cartographier. Mais espèce rare signifie aujourd’hui espèce menacée. Il n’y a plus aucun étonnement quant au fait que la population des grands singes et des chimpanzés recule sur le continent africain et en Indonésie. Les ONG, les agences de l’ONU, les représentants gouvernementaux et les bailleurs de fond ont remplacé les scientifiques.
Nous partageons 96% de leur ADN mais notre curiosité est tarie ; nous n’avons même pas envie de leur laisser leur 4% d’identité, leur 4% de biodiversité. Nous les avons déjà condamnés. La croissance démographique humaine grignote leur habitat ; les guerres civiles, le braconnage, le commerce d’animaux vivants, et par-dessus tout, la destruction des forêts, prélèvent plus de bonobos, de chimpanzés, de gorilles et d’orangs-outans que l’homme ne l’avait anticipé.
Participer à des actions de sensibilisation et financer des projets sont les leviers dont nous disposons aujourd’hui pour retarder cette extinction programmée avant de laisser éclore une autre vision du monde et de la nature. C’est un peu de temps en plus que nous nous accordons pour nous sauver nous-mêmes.
Institut Jane Goodall
http://www.janegoodall.fr/
Le cheval du fleuve appartient à la liste établie chaque année par l’UICN des espèces menacées.
Hippopotamesque… parmi les colosses au ventre énorme, il y a la baleine, l’éléphant mais aussi celui dont la force des reins et les membres trapus s’imposent au milieu des rivières et des marécages : l’hippopotame !
Baissez-vous près de la rivière et regardez cette empreinte : quatre doigts appuyés sur une large surface ronde. Un hippopotame est passé par là dans la nuit. Vous aurez du mal à l’observer car cet amphibien adore se cacher pendant la journée, malgré sa masse colossale. Il fréquente les rivières, se couche sous les lotus et se cache derrière les roseaux. Sa peau très épaisse est très sensible au soleil et se déshydrate très rapidement. Vous vous contenterez donc d’observer ses oreilles et ses gros yeux au-dessus de la ligne d’eau.
L’hippopotame est également un gros bailleur ; vous surprendrez ses énormes canines (45 cm chez les mâles) et le fond de sa gorge dans un puissant meuglement. Evitez de vous approcher : l’hippopotame est capable de déplacer son énorme masse (entre 2 et 3 tonnes) en un temps record pour galoper dans l’eau.
L’un des sites les plus impressionnants pour l’approcher demeure le delta de l’Okavango au Botswana. Les hippopotames se regroupent autour des îlots inondés, entre les hautes herbes gorgés d’eau. Ils se baignent dans la douce chaleur du coucher du soleil, au milieu des cris et des remous du delta.
Il y a deux espèces d’hippopotame en Afrique : le pygmée et l’hippopotame commun. L’espèce a complètement disparu en Egypte, en Algérie et en Mauritanie, en Afrique du Sud (excepté au parc Kruger) Les principales populations se trouvent en Ouganda, au Kenya, en Tanzanie, au Mozambique, et en Zambie. Le nombre d’hippopotames a en revanche tendance à diminuer en Afrique de l’ouest ou la densité de population s’est accrue et son habitat naturel a diminué.
Les principales menaces qui pèsent sur les hippopotames sont la chasse pour la viande et pour l’ivoire (canines) et la diminution drastique de l’habitat. Le déclin des hippopotames est spectaculaire et s’est produit dans un temps record. Notamment en République démocratique du Congo, en raison de la chasse 95% des effectifs ont été décimés depuis 1994. Il reste aujourd’hui entre 128000 et 148000 hippopotames en Afrique. Les chercheurs ont modélisé une extinction de l’espèce d’ici 30 à 40 ans. Le puissant colosse est donc devenu très vulnérable.
Les derniers chiens sauvages d’Afrique
Une meute patchwork noir, blanc et ocre glisse entre les herbes jaunies de la savane. Immobile sur une large branche, un vautour acquiesce du cou. Un jeune lycaon rejoint les autres chasseurs. L’antilope dépecée offre ses entrailles à la meute. Celui-là guette encore autour de lui. Le moindre bruit oriente ses oreilles arrondies et son puissant museau. La carcasse de l’antilope rétrécit à vue d’oeil sous les claquements de mâchoires. Pourtant les lycaons vont devoir quitter la place, sans doute se reposer avant d’arpenter de nouveau leur territoire.
Ils sont entre 3000 et 5000 à se déplacer ainsi entre la savane, les plaines semi désertiques et la forêt dense des hautes terres mais leur population décline régulièrement en dehors des zones protégées. Ils ont disparu au Kenya. Leur nombre reste satisfaisant au sud de la Tanzanie dans la réserve de Selous ou bien au Zimbabwe (parc Hwange), au nord du Botswana (Chobe et Moremi) et en Afrique du Sud ( Parc Kruger).
Les lycaons sont une espèce en danger selon l’IUCN et inscrit comme telle sur la liste rouge. Les deux principales menaces qui pèsent sur le lycaon sont les activités humaines et les maladies infectieuses (rage et maladie de Carré). Leur habitat se réduisant, les lycaons se retrouvent au contact des chiens domestiques et des hommes. Habitués à parcourir des distances allant jusqu’ 40 km, les meutes de lycaons s’aventurent souvent hors des réserves non clôturées. Lions et hyènes ne leur font la vie facile non plus. Les lycaons vivent avec une faible densité de population sur un même territoire, de sorte qu’ils sont plus vulnérables à l’extinction.
Bien que protégé juridiquement, les lycaons continuent de disparaître dans plusieurs pays. Il nous reste beaucoup à apprendre sur eux : caractère génétique des populations de chiens sauvages en Afrique orientale et Afrique australe, les raisons d’avoir un grand domaine vital, leur communication, leur paternité etc…Il nous reste à développer de nouvelles stratégies pour les aider à survivre : vaccination, cohabitation avec les activités humaines d’élevage notamment.
Le lycaon, ce chien sauvage d’Afrique est comme un dernier miroir pour nos civilisations : domestique ou captif nous lui accordons mollement une chance de survivre à nos cotés. Jamais davantage. Sa progressive extinction nous éloigne un peu plus de nos aspirations à préserver la faune africaine dans sa biodiversité. Chaque action menée pour limiter la vie d’une espèce sauvage nous entraîne un peu plus chaque jour vers moins d’équilibre.
Lorsque vous montez dans le train bleu et jaune, en gare de Cuzco, votre regard est tiraillé entre la voie qui mène vers le Sud, la rivière Urubamba et la montagne secrète du Machu Picchu ou bien vers la voie du Nord, vers Puno, la traversée de l’altiplano andin et le lac Titicaca. Ce jour-là, nous avions rendez-vous avec les oiseaux de la canopée.
Le train démarre lentement et commence une longue ascension le long des maisons de la ville. Il ne serpente pas les petites collines ; Cuzco est une ville carrée, comme sa place principale, comme les angles de la pierre Inca. Le train arpente laborieusement la pente en cisaillant le relief, jamais à angle droit, jamais en boucle. Il recule puis remonte en biais. Au-delà des collines, la ligne de chemin de fer devient courbe au cœur de la vallée. Ollantaytambo, Chillca… les stations improvisées sont rares en contrebas des Andes. C’est là que vous aurez le choix entre emprunter l’Inca Trail, courir pieds nus pendant trois jours derrière le chemin de l’Inca pour contourner la vallée, franchir trois passes à plus de 3000 mètres… ou bien, vous enfoncer dans votre siège jusqu’à la gare d’Agua Callientes.
La chaleur envahit le relief. Nous sommes proches du Machu Picchu. Pourtant la route que nous empruntons ne livre encore aucun secret entre les virages et la forêt luxuriante. Nous levons la tête mais n’apercevons toujours pas le pain sacré des Incas. L’ascension nous mène à une porte ; nous comprenons que c’est ici que commence le sanctuaire. Nous marchons sur d’immenses dalles où se réfléchit la lumière du soleil. Ce dédale tracé par les hommes nous conduit à faire un arc de cercle pour découvrir sous un premier angle la montagne sacrée. Tout d’abord, nous avons du mal à la reconnaître ; puis rapidement nous comprenons que le relief, la hauteur et la profondeur du paysage ne dépendent que de nos yeux et de notre emplacement.
Le Machu Picchu livre autant de vérités et de visages qu’il y a de visiteurs. Grimpez un peu pour vous en persuader…
Assis au milieu de ces temples et de ces maisons, face à ces pitons de nature inaccessibles, nous ne pouvons nous empêcher de penser à un autre pain de sucre au bord de l’océan, un peu plus au Nord, dans la baie de Rio de Janeiro. L’un a choisi la canopée et le chant des oiseaux, l’autre l’océan et le bruit des vagues. Les deux pitons restent étourdis par une végétation luxuriante qui les préserve encore un peu des pas sourds des touristes.
Dans cette forêt au pied des Andes, vit la plus grande densité d’espèces d’oiseaux ; on en dénombre plus de 1000 espèces sur une bande de 200 kilomètres, autant que sur les cinq millions de kilomètres carrés que compte l’Amazonie. La végétation d’altitude à l’abri des vents froids du pôle sud, la densité de la forêt expliquent pour partie la présence d’espèces endémiques. Le Machu Picchu marque la porte d’entrée entre le bassin humide Urubamba et la vallée Vilvcanota, centre de l‘empire Inca.
Il vous sera particulièrement difficile d’observer le Royal Cinclodes, avec son long bec incurvé, ses ailes marron foncé aux nuances orangées car il n’a pas été observé depuis des années. Aussi rares et menacées d’extinction, écoutez le Trrrrrrrrrrrr…du White-browed Tit-Spinetail, avec ses 15 centimètres, crête rousse, gorge blanche et noire ou bien le rhaaaaaaaa-aa du Golden plumed Parakeet, un perroquet vert à la poitrine jaune orange, l’œil étiré par un filet jaune de plumes allongées qui couvrent l’oreille. Ou encore le Taczanowski’s Tinamou, avec ses 36 centimètres, ses pattes jaunes, son bec incurvé et son plumage marron gris foncé. Et enfin le Ash-breasted Tit-Tyrant, à la queue noire, se distingue par sa petite couronne de plumes blanches et vit entre 3700 et 4500 mètres d’altitude.
Les Incas ont abandonné leurs secrets aux oiseaux du Machu Picchu et de la vallée de Cuzco. Alors, asseyez-vous au sommet de la montagne, écoutez la forêt jaillissante et les pitons enveloppant le site : ils sont encore là !
Ces deux-là ne se rencontrent plus dans la jungle. La population des gaurs, l’une des dernières espèces de bovidés sauvages décline dangereusement.
L’Inde abrite 90% des derniers gaurs sauvages dans ses réserves protégées des états du Madhya Pradesh, de l’Orissa, du Karnataka, du Tamil Nadu et du Kérala. 20 000 de ces ‘’bisons indiens’’ vivent dispersés et isolés les uns des autres dans des régions très délimitées. La chasse et les épidémies qui frappent le bétail ont eu raison du plus grand bœuf sauvage. Le gaur sauvage peut peser une tonne et mesure jusqu’à 2 mètres au garrot. Grand, puissant, et rapide, le tigre reste le seul à pouvoir le défier dans la jungle. Ces deux- là se reposent aux heures chaudes de la journée et se retrouvent en fin d’après- midi devant l’hypothèse d’un duel arbitré par la loi de la survie.
Le gaur et le tigre portent la même histoire partout dans le monde, celle d’une irrémédiable extinction. Tigre du Bengale, d’Indochine, de Sumatra, de Sibérie et de Chine sont gravement menacés de disparition après le tigre de la Caspienne (disparu en 1970), de Java (1980) et de Bali (1940). Bisons d’Amérique, d’Europe, d’Afrique ou bien d’Inde… le sort de ces bovidés sauvages paraît également scellé sous la pression humaine. Le tigre ne fait jamais de compromis ; il se réfugie dans les replis cachés de la jungle. Le gaur a été domestiqué par l’homme ; son frère de sang, le Gayal est croisé avec des boeufs domestiques. L’homme l’emploie comme bête de somme ou pour produire de la viande. Ce compromis n’a pas empêché la grande vulnérabilité du gaur sauvage.
Lorsque le gaur et son prédateur sont ensemble menacés d’extinction, lorsque les ennemis d’hier souffrent les uns à côté des autres cela signifie qu’il n’existe plus qu’une terre désolée, meurtrie et aride de toute espérance. Nous souhaitons apporter notre soutien à l’ensemble des projets destinés à protéger l’habitat naturel de ces dernières espèces sauvages d’Inde et à lutter contre le braconnage, notamment des tigres.
En 2014, il reste moins de 3200 tigres dans le monde. Braconnage, perte de l’habitat naturel, perte des proies sont les trois raisons majeures du déclin. Il n’y a plus aucun tigre en liberté totale, en dehors des parcs réservés à leur protection.
3200 Tigres, doublons sa population d’ici 2022.