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Tanzanie

Les quatre lions du Tarangire

4 lions tarangire

A deux heures de piste d’Arusha, le parc tanzanien habité par les baobabs

Le ciel est bas. Abeid est au volant. Le van ralentit à hauteur des faubourgs de la ville. Des enfants traversent en courant le macadam. Beaucoup marchent le long de la route en quête de troc. Puis les buvettes et autres magasins disparaissent. La route s’étire droit devant, asphaltée, entre les plateaux arides. Nous stoppons à un carrefour. Une jeune femme se tient derrière son long bâton. Un troupeau de chèvres barre la route. Elle les invite au bord du talus. Abeid passe la seconde. Nous ne sommes plus qu’à quelques kilomètres du Tarangire.

« Là-bas, il y a la mouche » me lance-t-il. Je souris. Etant gosse, combien de fois n’avais-je pas mimé la mouche Tsé-Tsé bourdonnante, virevoltante, piquant sa proie pour l’endormir à tout jamais ! Je rabats les manches de ma chemise. Cette mouche-là tue toujours en Afrique. Nous quittons la route par la gauche à Makuyuni. Les épineux et les broussailles longent la piste. Quelques mètres plus loin se situe l’entrée du parc. Nous stoppons. Je descends du van. Des hommes en combinaison vert sapin munis de pompes géantes projettent un liquide incolore sur le van. Ils m’invitent à traverser en trempant mes chaussures dans une cuvette, contenant probablement la même formule. Nous repartons.

La route serpente la colline sur son flanc. En contrebas, coule la rivière Tarangire où viennent s’abreuver les zèbres. L’herbe jaunie recouvre la savane entre les collines. La chaleur monte. Pas de mouches. Je découvre les premiers baobabs. Trapus, robustes, profondément enracinés au cœur de l’Afrique, échevelés dans la brousse. Leurs silhouettes habitent l’horizon. La piste monte. Le van patine dans la poussière jusqu’à toussoter de l’autre côté de la butte. Une femelle éléphant et son petit se tiennent à deux mètres de nous. La mère pousse aussitôt sa progéniture derrière un buisson. Ses oreilles se gonflent et balayent l’air comme un immense soufflet. Elle remonte la trompe. Abeid stoppe le van. Nous ne bougeons, ni ne disons mot. Les minutes courent le long du baobab. L’éléphant rebrousse chemin et nous tourne désormais le dos en abritant son éléphanteau.

« I think we are lucky » dit soudain Abeid. Des girafes marchent dans la plaine. Abeid a repéré des traces. Je distingue encore mal une silhouette grise entre les herbes. Les nuages recouvrent la savane. Le soleil ne rayonne plus dans les herbes. Pourtant, j’aperçois une tête rousse qui se relève. Un premier lion s’approche de nous. Il est jeune, sa crinière est encore peu fournie. Abeid cherche à le contourner, lorsque nous sommes surpris par un second lion. Je lève la tête et aperçois allongés sur la piste trois autres lions. Tous repus, ils ne tentent pas de nous encercler. Ils demeurent allongés cote à cote. Mais bientôt, les quatre frères se sépareront pour aller chasser au coucher du soleil lorsque les baobabs de Tarangire danseront dans la nuit, sous les étoiles d’Afrique.